
Au cœur du bien-vieillir
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Face au vieillissement accéléré de la population, la question du bien vieillir devient un enjeu majeur de souveraineté sociale. Adapter notre modèle aux besoins d’une société plus âgée, plus exigeante et plus diverse impose un changement de regard, de gouvernance et d’ambition collective.
Le vieillissement, révélateur de vulnérabilités systémiques
En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Cette transition démographique massive bouleverse en profondeur nos politiques sociales, sanitaires et territoriales. Elle met en lumière les insuffisances de notre modèle d’accompagnement du vieillissement : pénurie de personnel dans le médico-social, fragmentation des parcours de soin, inégalités territoriales d’accès à l’offre, crise de confiance dans les établissements d’accueil.
Le bien vieillir ne peut se réduire à la prise en charge de la dépendance. Il suppose une vision globale de la personne âgée, intégrant autonomie, dignité, lien social, mobilité, sécurité et qualité de vie. Aujourd’hui, la majorité des Français souhaitent vieillir chez eux, mais l’habitat, les services de proximité et l’infrastructure de santé ne sont pas encore adaptés à cette aspiration.
À cela s’ajoute un déficit de reconnaissance des métiers du soin et de l’accompagnement, pourtant essentiels à la cohésion sociale. La revalorisation salariale ne suffit plus : il faut réinventer l’attractivité, les parcours professionnels et le statut de ces métiers au cœur du pacte social.
Vers une société de la longévité inclusive, territoriale et innovante
Répondre au défi du vieillissement exige une approche systémique, territorialisée et fondée sur l’innovation. Plusieurs leviers doivent être actionnés :
- Faire du territoire l’échelle stratégique du bien vieillir : la proximité est un facteur clé de qualité. Soutenir les initiatives locales (tiers-lieux, centres de santé intégrés, maisons partagées), favoriser les coopérations entre acteurs publics, associatifs et privés, et adapter les infrastructures à l’allongement de la vie doivent devenir des priorités.
- Réconcilier santé, prévention et qualité de vie : il faut sortir d’un modèle curatif et cloisonné pour développer une culture de la prévention (activité physique, alimentation, inclusion numérique, lien intergénérationnel). Cela suppose des investissements en amont, mais aussi une nouvelle forme d’accompagnement global des aînés.
- Soutenir une filière de la longévité structurée et innovante : la silver économie est une opportunité économique autant qu’un impératif social. Il est essentiel de soutenir les start-up, les dispositifs technologiques, les modèles d’habitat intermédiaire et les projets à impact portés par les territoires.
- Changer le récit collectif sur l’âge : au-delà des politiques publiques, c’est une transformation culturelle qui s’impose. Il s’agit de reconnaître les seniors comme des acteurs de la société, porteurs d’expérience, de lien et d’engagement. Le bien vieillir est une promesse collective, pas un coût à contenir.
Le bien vieillir, nouvelle frontière de la souveraineté sociale
Construire une société de la longévité, c’est renforcer la cohésion, la résilience et l’humanité de notre modèle. C’est aussi affirmer une forme de souveraineté sociale, fondée sur l’attention, la proximité et la dignité. La France, riche de son système de solidarité, de ses territoires et de ses acteurs engagés, peut devenir un modèle dans ce domaine.