
Chief of Staff : La fabrique des dirigeantes et des dirigeants
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Encore méconnue en France, la fonction de Chief of Staff (CoS) connaît une montée en puissance rapide dans les organisations publiques et privées. Interface stratégique, catalyseur de projets et bras droit de la direction, le CoS s’impose comme un levier d’accélération, de transformation et de professionnalisation de la gouvernance.
Une fonction en pleine structuration, au cœur des dynamiques de leadership
Longtemps marginale en France, la fonction de Chief of Staff s’est d’abord développée dans les grandes entreprises anglo-saxonnes, avant de s’étendre au monde des start-ups, des cabinets ministériels et des directions publiques. Depuis quelques années, elle s’ancre dans les organigrammes français, au croisement des enjeux de stratégie, d’organisation et de pilotage exécutif.
Le Chief of Staff n’est ni un assistant, ni un communicant : il ou elle agit comme extension du dirigeant, garantissant l’exécution fluide de la stratégie, la priorisation des décisions, la coordination des parties prenantes et la synchronisation des projets. À ce titre, la fonction est souvent décrite comme un poste de confiance absolue, réservé à des profils dotés à la fois de capacités analytiques, d’intelligence politique et de forte agilité interpersonnelle.
L’étude révèle que la fonction est marquée par une grande diversité de trajectoires : anciens consultants, profils Sciences Po ou écoles d’ingénieurs, jeunes à haut potentiel issus de la sphère publique ou privée. Elle joue aussi un rôle structurant dans la fabrique des futurs dirigeants : 61 % des CoS interrogés envisagent une trajectoire vers des fonctions de direction générale.
Un levier stratégique pour piloter la transformation des organisations
Dans un monde de plus en plus complexe, fragmenté et soumis à des cycles de décision accélérés, le Chief of Staff devient un acteur clé de l’exécution stratégique. Son rôle : orchestrer les priorités du top management, anticiper les tensions organisationnelles, et fluidifier les interactions au sein de l’écosystème dirigeant.
Cette position unique lui confère une hauteur de vue transverse, permettant de relier les décisions politiques, les enjeux opérationnels et les dynamiques humaines. Le CoS contribue aussi à l’alignement entre les instances de gouvernance et les équipes terrain, garantissant la cohérence des messages et la robustesse des livrables.
Avec la montée en puissance des enjeux ESG, d’inclusion, d’innovation ou de résilience organisationnelle, la fonction prend une dimension systémique. Elle incarne une nouvelle manière d’exercer le leadership, fondée sur la coopération, la discrétion et la capacité à faire exister la stratégie au quotidien.
Mais son développement reste encore informel : peu de formations spécifiques, reconnaissance institutionnelle floue, évolution de carrière incertaine. L’enjeu pour les entreprises est désormais de structurer la fonction, de la doter de parcours clairs, et d’en faire un outil pérenne de professionnalisation de la direction.
Vers une nouvelle grammaire du leadership
La montée en puissance du Chief of Staff traduit une évolution du pouvoir exécutif dans les organisations : moins vertical, plus transversal, plus agile. En accompagnant les dirigeants dans la complexité, en catalysant les transformations et en préparant les futurs leaders, cette fonction devient un maillon stratégique de la gouvernance contemporaine.
Pour la France, il s’agit de ne pas rester à la traîne. Structurer la fonction, la valoriser, l’institutionnaliser : autant de leviers pour bâtir un leadership moderne, durable et à haute valeur ajoutée.