
Comment le secteur du bâtiment peut réduire son empreinte carbone ?
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Responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France, le secteur du bâtiment est au cœur des enjeux de transition écologique. À travers la rénovation, le réemploi des matériaux, la réduction des déchets et l’innovation dans les process industriels, une nouvelle trajectoire s’ouvre : celle d’une filière plus sobre, circulaire et alignée avec les objectifs de neutralité carbone.
Rénover plutôt que construire : un enjeu écologique et économique
Dans un contexte d’urgence climatique, les acteurs de la construction s’accordent sur un constat : la rénovation des bâtiments existants est plus vertueuse que la construction neuve. Selon l’ADEME, rénover un immeuble nécessite jusqu’à 80 fois moins de matériaux qu’en bâtir un équivalent. En plus de limiter l’artificialisation des sols, la rénovation permet de préserver la biodiversité et de freiner la consommation de ressources critiques comme l’eau ou le sable.
La priorité donnée à la rénovation énergétique s’inscrit aussi dans une logique de sobriété à long terme : amélioration des performances thermiques, réduction des factures, et valorisation des biens anciens. Néanmoins, la réhabilitation génère également des déchets. Le secteur du BTP représente près de 70 % des déchets produits annuellement en France. L’enjeu devient alors double : rénover, mais aussi valoriser les matériaux issus de la déconstruction.
Réemploi, recyclage, décarbonation : les nouveaux piliers d’un bâtiment bas carbone
Face à ces défis, de nouvelles pratiques émergent sur les chantiers. Des plateformes comme Revali, Cycle Up ou Bakacia facilitent la seconde vie des matériaux issus d’excédents de commande ou de bâtiments déconstruits. Le réemploi devient ainsi une solution opérationnelle pour réduire les coûts environnementaux, bien qu’il nécessite des arbitrages économiques et logistiques.
L’innovation industrielle joue aussi un rôle central. La startup Le Pavé, par exemple, développe des matériaux à partir de plastiques recyclés, utilisés notamment pour l’agencement intérieur ou des projets emblématiques comme la piscine olympique des JO 2024. Dans le ciment, matériau fortement émetteur, des acteurs comme Vicat et Holcim adoptent de nouvelles sources d’énergie (déchets bois, gaines PVC, biomasse) et développent le béton entièrement recyclé.
Enfin, des solutions de capture et de stockage du carbone sont expérimentées, et le recours à des indicateurs environnementaux comme le “carbone score” est à l’étude. L’objectif : rendre visibles les impacts environnementaux des projets, dès leur conception, et embarquer l’ensemble de la chaîne de valeur dans une démarche bas carbone.
Accélérer la décarbonation de la ville par l’action collective
La transition environnementale du secteur du bâtiment ne pourra se faire sans coordination de tous les acteurs : maîtres d’ouvrage, industriels, collectivités, startups et citoyens. De la planification des projets à la gestion des ressources, chaque maillon de la chaîne est concerné. Il s’agit de faire émerger un nouveau modèle de construction, à la fois sobre, circulaire et désirable.
Le chantier de la décarbonation est vaste, mais les solutions existent. À l’image des initiatives portées dans ce « paper », la ville de demain se dessine dès aujourd’hui, à la croisée de l’innovation, de l’urbanisme et de l’engagement écologique.