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CSRD : S’en saisir pour mieux diriger

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csrd s'en saisir pour mieux diriger

En entrant en vigueur début 2024, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) modifie en profondeur le rapport des entreprises européennes à la transparence extra-financière. En imposant des obligations renforcées de reporting ESG, elle transforme la performance durable en levier stratégique, structurant et compétitif. Encore perçue comme une contrainte par de nombreux dirigeants, la CSRD pourrait bien devenir un moteur d’innovation et de souveraineté pour les entreprises françaises.

Le cadre européen qui accélère la transformation durable

La CSRD élargit le champ du reporting durable à plus de 50 000 entreprises européennes, contre 12 000 sous la précédente directive NFRD. Elle impose un reporting standardisé, audité et aligné avec les normes ESRS, qui couvrent l’ensemble des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. Parmi les grandes nouveautés : la double matérialité, qui oblige à rendre compte à la fois de l’impact de l’entreprise sur la société et de l’impact de la société sur sa performance.

Cette directive s’applique de manière progressive : dès 2024 pour les grandes entreprises déjà soumises à la NFRD, et jusqu’à 2028 pour les PME cotées. La France, pionnière sur les sujets RSE avec la loi Pacte ou le devoir de vigilance, dispose d’une longueur d’avance réglementaire. Mais l’ampleur des adaptations à conduire reste conséquente : collecte des données ESG, mobilisation des fonctions internes, auditabilité, montée en compétence des conseils d’administration.

Si le cadre paraît contraignant, il pousse les entreprises à structurer leur gouvernance durable, à cartographier leurs risques extra-financiers, et à intégrer les enjeux climatiques et sociaux dans leur stratégie globale. La CSRD pourrait ainsi devenir un outil de pilotage stratégique pour les entreprises les plus agiles.

Construire une souveraineté économique par la durabilité

L’entrée en vigueur de la CSRD doit être l’occasion de repenser en profondeur le modèle de création de valeur des entreprises. Au-delà de la conformité réglementaire, elle ouvre la voie à une meilleure maîtrise des chaînes d’approvisionnement, à une anticipation des risques climatiques, et à une différenciation sur les marchés européens.

En s’appuyant sur un reporting rigoureux, certaines entreprises pourront valoriser leur performance durable auprès des investisseurs, des clients et des talents. De plus, la directive favorise un terrain de jeu européen plus homogène, où la transparence devient un critère de compétitivité. Les acteurs les mieux préparés – notamment les ETI industrielles, souvent en avance sur la mesure de leur empreinte carbone – peuvent en tirer un avantage stratégique.

À l’échelle macroéconomique, la CSRD est aussi un outil de souveraineté économique et normative. En structurant une doctrine européenne autour de la durabilité, elle renforce la capacité de l’UE à imposer ses standards face aux modèles américain ou asiatique, et à canaliser l’investissement vers des projets à impact.

Pour réussir ce virage, il faudra accompagner les entreprises, en particulier les plus petites, via des outils de simplification, des formations ciblées, des soutiens à la digitalisation de la donnée extra-financière, et une mobilisation des partenaires publics.

Faire de la CSRD un accélérateur de transformation

La CSRD n’est pas un simple exercice de conformité. Elle engage une transformation profonde de la manière dont les entreprises rendent compte, gouvernent et innovent. En mettant la soutenabilité au cœur des stratégies d’entreprise, elle peut catalyser un changement de culture, aligné avec les attentes des marchés, des citoyens et des territoires.