
La pêche en France, replacer la pêche au cœur d’une ambition maritime renouvelée
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La filière pêche française, pourtant stratégique à l’échelle économique, sociale et alimentaire, traverse une crise profonde. Confrontée à la hausse des coûts, à la concurrence internationale et à une pression réglementaire croissante, elle appelle à une réponse politique ambitieuse. Souveraineté alimentaire, résilience territoriale et gestion durable des ressources doivent désormais guider la refondation du secteur.
Une filière vitale, mais menacée dans ses équilibres
La France dispose du deuxième domaine maritime mondial et d’une richesse halieutique considérable. Pourtant, la production nationale de produits de la mer baisse, tandis que les importations explosent : 75 % des produits de la mer consommés en France viennent de l’étranger.
Cette dépendance croissante fragilise notre souveraineté alimentaire. Le secteur est confronté à de nombreuses pressions : hausse du coût du carburant, quotas contraignants, complexité administrative, incertitudes sur les droits de pêche post-Brexit, vieillissement de la flotte et manque d’attractivité des métiers.
Les conséquences sont concrètes : arrêt de navires, décapitalisation des entreprises, perte de savoir-faire, vulnérabilité accrue des territoires littoraux. Le risque de voir s’éteindre une filière ancestrale, structurante pour des régions entières, est bien réel.
Refonder une politique de pêche à la hauteur des enjeux stratégiques
Pour relever ces défis, l’Institut Choiseul propose de repenser la filière dans une logique de souveraineté durable, fondée sur trois axes majeurs :
- Renforcer l’indépendance économique de la filière : soutenir le renouvellement de la flotte avec des navires plus sobres, renforcer les mécanismes de résilience (prix planchers, aides ciblées), favoriser les circuits courts et la valorisation des produits français.
- Structurer une gouvernance rénovée : simplifier les normes, améliorer la lisibilité des politiques européennes, impliquer davantage les pêcheurs dans les décisions. La gestion des ressources doit concilier exigence environnementale et viabilité économique.
- Valoriser les métiers de la mer : revalorisation des carrières, modernisation des formations, attractivité renforcée auprès des jeunes générations. Une stratégie RH sectorielle est nécessaire pour enrayer la crise des vocations.
La France peut aussi jouer un rôle moteur à l’échelle européenne. Alors que la Politique commune de la pêche est en mutation, Paris doit porter une vision stratégique fondée sur la gestion écosystémique, la souveraineté alimentaire et le juste équilibre des usages maritimes.
Enfin, la transition écologique ne doit pas être subie, mais anticipée. La pêche française peut devenir une référence mondiale en matière de gestion durable, à condition d’être accompagnée, investie et respectée.
La mer nourricière, pilier oublié de la souveraineté
Redonner un avenir à la pêche française, c’est plus qu’un soutien sectoriel : c’est un choix stratégique. Un choix de résilience économique, de cohésion territoriale, de souveraineté alimentaire et de durabilité environnementale.