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L’avenir de la réassurance post-covid

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l'avenir de la reassurance post covid

Pandémies, cyberattaques, catastrophes climatiques : la fréquence et l’ampleur des chocs systémiques bouleversent l’économie mondiale. Dans ce contexte d’instabilité croissante, le secteur de la réassurance joue un rôle stratégique de protection, d’anticipation et de résilience pour les États, les entreprises et les citoyens.

La réassurance, amortisseur invisible des crises globales

Derrière chaque catastrophe naturelle, crise sanitaire ou sinistre massif, se trouve souvent un acteur méconnu : la réassurance. Ce secteur clé du monde assurantiel permet aux assureurs de transférer une partie de leurs risques à des structures spécialisées, capables d’absorber des chocs financiers majeurs. Grâce à ce mécanisme, les systèmes de couverture restent opérationnels même en cas d’événements extrêmes.

Longtemps dominée par une logique de gestion technique des risques, la réassurance est aujourd’hui confrontée à un changement d’échelle. Le réchauffement climatique, l’hyperconnexion numérique, la fragmentation géopolitique ou les pandémies mondiales font émerger des risques systémiques, diffus, interconnectés, dont la probabilité et l’impact dépassent les modèles traditionnels.

Ces nouvelles menaces soulèvent un double enjeu : maintenir la solvabilité du système assurantiel, tout en garantissant un accès équitable à la couverture des risques. Dans un monde de plus en plus volatil, la réassurance devient un levier de souveraineté : sans filet de sécurité robuste, ni les États ni les entreprises ne peuvent investir, se projeter, ni protéger durablement leurs populations.

Faire de la réassurance un outil de politique économique et stratégique

Face à cette montée des incertitudes, il devient indispensable de repenser la réassurance comme un outil stratégique de gestion collective des risques. Cela implique d’abord un rapprochement plus fort entre réassureurs et pouvoirs publics, pour mieux anticiper les scénarios extrêmes, mutualiser les données critiques, et construire des réponses coordonnées.

Ensuite, la régulation doit évoluer : le cadre prudentiel européen (Solvabilité II) doit intégrer la spécificité des risques systémiques, souvent exclus des modèles standards. Le soutien public à des mécanismes de coassurance ou des dispositifs de garantie étatique (comme ceux expérimentés pendant le Covid-19) est aussi à renforcer.

La France peut jouer un rôle moteur : elle dispose d’un acteur de référence mondial – SCOR – mais aussi d’un tissu d’expertise reconnu, à l’interface de la finance, de la data et du climat. Mobiliser cet écosystème autour de la création de modèles de couverture innovants, adaptés aux risques émergents (climat, cyber, guerre hybride), serait un levier de projection stratégique.

Enfin, la réassurance doit être envisagée comme un pilier de résilience territoriale. En intégrant les enjeux locaux – sécheresse, inondations, déprise agricole, vieillissement des infrastructures – elle peut contribuer à sécuriser les investissements dans les territoires les plus vulnérables, et à stabiliser les économies régionales.

Une souveraineté par la couverture des risques

La réassurance n’est pas un simple rouage financier : elle est une condition de la confiance collective face à l’avenir. Dans un monde en aux multiples crises, où les menaces dépassent les frontières comme les modèles classiques, faire de la réassurance un levier stratégique, industriel et politique devient un impératif.

C’est à ce prix que la France et l’Europe pourront bâtir une économie réellement résiliente, capable de faire face à l’imprévisible sans subir.