
Le Made in France, premier levier de souveraineté ? Focus sur l’industrie cosmétique
Télécharger le document (pdf, 511 Ko)
Dans un contexte de perturbation des chaînes d’approvisionnement, de transition écologique et de concurrence mondiale accrue, l’industrie cosmétique française s’impose comme un modèle de résilience industrielle, de rayonnement international et de potentiel stratégique pour la souveraineté économique de la France.
Une filière d’excellence, enracinée dans les territoires et tournée vers l’export
L’industrie cosmétique française représente 68 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec 300 000 emplois à travers le pays. Elle constitue la deuxième industrie exportatrice française et bénéficie d’un tissu industriel entièrement intégré – de la production d’ingrédients à la distribution – illustrant la puissance du Made in France. Grâce à des entreprises emblématiques comme Clarins, Sisley ou L’Occitane, la filière dynamise les territoires tout en conservant des savoir-faire clefs.
L’ancrage territorial est consolidé par des clusters comme la Cosmetic Valley, et renforcé par une stratégie collective autour de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA). La croissance de l’export (+19 % en 2022) témoigne d’un savoir-faire reconnu mondialement, contribuant à hauteur de 15 milliards d’euros à la balance commerciale française. Ce secteur incarne aussi un soft power à la française, porté à l’international par des plateformes publiques comme Team France Export.
Vers une cosmétique durable, innovante et souveraine
Face aux défis environnementaux et à l’évolution des attentes consommateurs, la filière cosmétique s’engage résolument dans la transition écologique. De nombreuses initiatives structurantes – comme le Plastic Act, l’éco-conception avec SPICE, ou l’initiative Pulp in Action – traduisent cette ambition. Une stratégie sectorielle de décarbonation et un Plan de sobriété hydrique viendront compléter cette dynamique en 2024.
En parallèle, le secteur développe des outils comme l’application CLAIRE, pour une traçabilité accrue, et génère un volume élevé de brevets, nourri par un capital humain stratégique. Pourtant, il souffre d’une tension sur les compétences industrielles, aggravée par un déficit d’attractivité pour les jeunes générations.
Les enjeux réglementaires européens, notamment REACH et PPWR, imposent à la filière d’importants investissements d’adaptation. Le besoin d’un cadre fiscal et juridique incitatif, combiné à une stratégie industrielle concertée avec l’État et les instances européennes, est donc central pour garantir la compétitivité et la pérennité de l’écosystème cosmétique français.
Consolider une filière d’excellence au service de la souveraineté
Modèle d’industrie à haute valeur ajoutée, la filière cosmétique est l’illustration d’un Made in France stratégique, créateur d’emplois, exportateur net, innovant et durable. Sa réussite démontre qu’une industrie enracinée localement peut rayonner mondialement. Pour maintenir cet élan, il est nécessaire de renforcer la compétitivité par l’allègement fiscal, la formation, l’accompagnement à la transition écologique et la concertation stratégique à l’échelle européenne.