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Les Émirats Arabes Unis, du softpower à l’influence globale

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Longtemps perçus comme une économie pétrolière, les Émirats arabes unis se réinventent à vive allure. Portés par une vision stratégique ambitieuse, ils affirment leur place sur la scène internationale en s’imposant comme un hub économique, diplomatique et technologique. Pour la France, un partenariat avec les EAU ne relève plus du simple commerce bilatéral, mais d’une coopération stratégique multidimensionnelle.

Une puissance montante à la stratégie de long terme

Les Émirats ont engagé depuis plusieurs décennies une transition méthodique de leur modèle de développement. La dépendance au pétrole recule : la part du secteur non pétrolier atteint désormais 70 % du PIB. Sous l’impulsion du plan Vision 2031, l’État fédéral entend se positionner comme leader mondial dans l’économie de la connaissance, l’innovation technologique et la finance durable.

Leur stratégie repose sur plusieurs piliers :

  • Diversification économique ambitieuse : développement des secteurs des technologies, de l’aéronautique, des énergies renouvelables, de la logistique ou encore du tourisme de luxe.
  • Ouverture contrôlée : politique d’attractivité pour les talents, les capitaux et les investissements étrangers, tout en maintenant un contrôle étatique des leviers stratégiques.
  • Rayonnement diplomatique accru : les Émirats jouent un rôle actif dans les médiations régionales, investissent dans des forums multilatéraux, et renforcent leurs partenariats sécuritaires (notamment avec la France, les États-Unis et Israël).

En position de carrefour entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, les EAU sont devenus un acteur charnière des recompositions géopolitiques et économiques du 21e siècle.

Une relation France–Émirats à intensifier et rééquilibrer

La France entretient des liens anciens et solides avec les Émirats arabes unis, fondés sur la défense (base militaire à Abou Dabi), la culture (Louvre Abou Dabi), l’énergie (notamment le nucléaire civil), et l’éducation.

Mais pour être à la hauteur de la transformation en cours aux Émirats, la relation bilatérale doit évoluer. L’Institut Choiseul identifie plusieurs leviers prioritaires :

  • Coopérer sur les nouvelles frontières économiques : économie circulaire, deeptech, hydrogène, intelligence artificielle, finance verte. Les entreprises françaises doivent renforcer leur présence dans ces secteurs en croissance.
  • Renforcer les échanges universitaires et culturels : faire émerger une diplomatie des savoirs, au-delà de la diplomatie du patrimoine, pour accompagner la montée en compétences des nouvelles générations.
  • Accompagner l’ancrage régional des Émirats : à travers des projets communs en Afrique, en Méditerranée ou en Asie, la France peut jouer un rôle de partenaire de confiance dans les ambitions d’influence émiriennes.
  • Structurer des partenariats stratégiques publics-privés : en misant sur les complémentarités économiques, industrielles et technologiques, au service d’une croissance durable.

Il ne s’agit pas seulement de capter des opportunités commerciales, mais de bâtir une alliance de long terme, entre deux puissances intermédiaires souhaitant peser dans un monde multipolaire.

Un partenaire à penser comme un levier de projection stratégique

Les Émirats arabes unis ne sont plus un simple acteur du Golfe. Ils sont devenus un hub géopolitique, économique et technologique, avec lequel la France partage des intérêts croissants.