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Souveraineté(s) énergétique(s) : Réduire nos dépendances en réussissant la transition

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Face à un échiquier énergétique en pleine recomposition, la France et l’Europe n’ont plus le luxe de l’attentisme. La transition énergétique n’est plus seulement une nécessité climatique : elle devient un levier de souveraineté stratégique. L’Institut Choiseul appelle à conjuguer réalisme géopolitique et innovation industrielle pour reconquérir notre autonomie énergétique.

L’énergie, au cœur des rapports de force mondiaux

Le retour du conflit armé en Europe, la volatilité des prix et les limites physiques des ressources fossiles ont replacé l’énergie au centre des préoccupations géopolitiques. En matière de pétrole, de gaz ou de charbon, la dépendance française est criante : 99 % du pétrole et du gaz consommés sont importés. L’Europe dans son ensemble ne pèse que 1 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz.

Les tensions récentes (Ukraine, Nord Stream, sanctions énergétiques) illustrent le pouvoir coercitif de l’énergie. Elle peut être une arme économique, un objectif militaire, voire un moteur de guerre. Dans ce contexte, les superpuissances énergétiques (États-Unis, Chine, Russie, pays de l’OPEP) renforcent leur influence tandis que l’Union européenne cherche sa voie.

Le mix énergétique mondial reste dominé par les énergies fossiles (82 %), tandis que les engagements climatiques de la COP21 exigent une baisse rapide des émissions. Le secteur électrique, à lui seul, représente 41 % des émissions de CO₂. Face à ce défi, la transition vers les technologies bas-carbone est devenue un terrain de compétition stratégique.

Repenser notre modèle énergétique pour reconquérir notre souveraineté

La souveraineté énergétique n’implique pas l’autarcie mais la capacité à choisir ses approvisionnements, ses partenaires, ses technologies. La diversification des sources, des filières et des alliances est indispensable.

La France possède des atouts : un parc nucléaire important, des savoir-faire industriels, des entreprises engagées comme Engie ou Séché Environnement, et un potentiel renouvelable significatif. Mais l’instabilité réglementaire, les freins au développement (acceptabilité, intermittence, besoin en métaux critiques) ou les distorsions européennes (Arenh, concessions hydrauliques) freinent encore l’élan.

La stratégie française doit reposer sur trois piliers :

  • Accélérer les alternatives aux hydrocarbures (hydrogène, biométhane, géothermie, etc.).
  • Défendre une vision énergétique cohérente à l’échelle européenne, en valorisant nos spécificités (nucléaire, concessions hydroélectriques).
  • Inscrire nos choix dans une trajectoire à 30 ans, appuyée sur la planification, l’investissement et la mobilisation collective.

La domination chinoise dans les filières stratégiques (panneaux solaires, batteries, métaux rares) souligne l’urgence de réindustrialiser notre tissu énergétique pour éviter une nouvelle forme de dépendance.

Affirmer sa stratégie

La souveraineté énergétique est un combat de long terme, à la croisée des transitions écologiques, industrielles et diplomatiques. La France et l’Europe doivent passer d’une logique défensive à une ambition proactive, en consolidant leurs filières, en valorisant leurs ressources, et en affirmant une stratégie qui conjugue durabilité, résilience et puissance.